Les anarchistes, tous en noir et la larme à l’œil… ou pas!

L’anarchisme est un mouvement pluriel qui embrasse l’ensemble des secteurs de la vie et de la société. Concept philosophique, c’est également « une idée pratique et matérielle, un mode d’être de la vie et des relations entre les êtres qui naît tout autant de la pratique que de la philosophie; ou pour être plus précis qui naît toujours de la pratique, la philosophie n’étant elle-même qu’une pratique, importante mais parmi d’autres ».

Fondé sur la négation du principe d’autorité dans l’organisation sociale et le refus de toute contrainte découlant des institutions basées sur ce principe, l’anarchisme a pour but de développer une société sans domination et sans exploitation, où les individus-producteurs coopèrent librement dans une dynamique d’autogestion et de fédéralisme. Contre l’oppression, l’anarchisme propose une société basée sur la solidarité comme solution aux antagonismes, la complémentarité de la liberté de chacun et celle de la collectivité, l’égalité des conditions de vie et la propriété commune autogérée. Il s’agit donc d’un mode politique qui cherche non pas à résoudre les différences opposant les membres constituants de la société mais à associer des forces autonomes et contradictoires.

En 1928, Sébastien Faure, dans La Synthèse anarchiste, définit quatre grands courants qui cohabitent tout au long de l’histoire du mouvement: l’individualisme libertaire qui insiste sur l’autonomie individuelle contre toute autorité; le socialisme libertaire qui propose une gestion collective égalitaire de la société; le communisme libertaire, qui de l’aphorisme « De chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins » créé par Louis Blanc, veut économiquement partir du besoin des individus, pour ensuite produire le nécessaire pour y répondre; l’anarcho-syndicalisme, qui propose une méthode, le syndicalisme, comme moyen de lutte et d’organisation de la société. Depuis, de nouvelles sensibilités se sont affirmées, telles l’anarcha-féminisme ou l’écologie sociale.

Le terme « anarchisme » et ses dérivés sont employés tantôt péjorativement, comme synonymes de désordre social dans le sens commun ou courant et qui se rapproche de l’anomie, tantôt comme un but pratique, car l’anarchisme défend l’idée que l’absence d’une structure de pouvoir n’est pas synonyme de désorganisation sociale. Les anarchistes rejettent en général la conception courante de l’anarchie (utilisée par les médias et les pouvoirs politiques). Pour eux, « l’ordre naît de la liberté », tandis que les pouvoirs engendrent le désordre. Certains anarchistes useront du terme « acratie » (du grec « kratos », le pouvoir), donc littéralement « absence de pouvoir », plutôt que du terme « anarchie » qui leur semble devenu ambigu. De même, certains anarchistes auront plutôt tendance à utiliser le terme de « libertaires« .

Pour ses partisans, l’anarchie n’est justement pas le désordre social. C’est plutôt le contraire, soit l’ordre social absolu, grâce notamment à la socialisation des moyens de production: contrairement à l’idée de possessions privées capitalisées, elle suggère celle de possessions individuelles ne garantissant aucun droit de propriété, notamment celle touchant l’accumulation de biens non utilisés. Cet ordre social s’appuie sur la liberté politique organisée autour du mandatement impératif, de l’autogestion, du fédéralisme libertaire et de la démocratie directe. L’anarchie est donc organisée et structurée: c’est l’ordre moins le pouvoir.

La Suisse et l’anarchisme

Dans les années 1870, la Fédération jurassienne était la représentante de l’anarchisme en Suisse. Acquise aux idées libertaires de Mikhaïl Bakounine, elle s’affirme durant une décennie comme la figure de proue de l’Internationale antiautoritaire. Après l’exclusion de Bakounine et de James Guillaume de l’Association internationale des travailleurs au congrès de La Haye en septembre 1872, elle organise le Congrès de Saint-Imier qui regroupe les fédérations de l’Internationale (italienne, espagnole, française et deux sections américaines) qui refusent de reconnaître la politique menée par le Conseil général de Londres dominé par Karl Marx. Active à l’origine surtout dans le Jura bernois et les Montagnes neuchâteloises, elle tisse peu à peu sa toile et à son apogée, vers 1877, elle compte une trentaine de sections réparties dans les cantons de Berne, Neuchâtel, Bâle, Vaud, Fribourg et Genève. Ses revendications s’expriment dans les colonnes du Bulletin de la Fédération jurassienne, publié entre 1872 et 1878. La Fédération jurassienne disparaît en 1880, sous le coup de dissensions idéologiques et de la mécanisation de l’industrie horlogère.

Quelques anarchistes célèbres

George Brassens, Léo Ferré, Jacques BrelCollette MagnyNoam Chomsky, Michel Nemitz, Les fossoyeurs septik, Pierre Kropotkine, Louise Michel, Henry David Thoreau, Bob Marley, Pierre-Joseph Proudhon, Max Stirner, William Godwin, Anselme Bellegarrigue, Joseph Déjacque, etc…

Source: Wikipedia