Cannabis

Le cannabis, ou Cannabis sativa L., trouve ses origines archéologiques en Asie de l’Est/Chine. Il a été domestiqué par l’être humain au début du Néolithique, il y a environ 12’000 ans (1). Les cultures du monde entier l’ont utilisé à diverses fins: médicinales, pratiques, religieuses/rituelles et divinatoires (2).

Le Cannabis sativa L. est généralement divisé en trois sous-espèces: le cannabis sativa, le cannabis indica et le cannabis ruderalis. Certaines variétés de cannabis sont cultivées pour leurs propriétés fibreuses (chanvre). D’autres souches sont cultivées pour leurs propriétés médicinales (cannabis ruderalis), leur usage récréatif (axé sur la teneur en THC ou en CBD) et leur utilisation dans des contextes culturels, par exemple en tant que plante sacrée, pour les cérémonies chamaniques et magiques. Les plantes contiennent une combinaison de terpénoïdes qui produit des effets spécifiques à chaque souche de plante. Les terpénoïdes du cannabis comprennent les terpènes et les cannabinoïdes. Les terpènes ont des arômes puissants. Bien qu’ils n’aient pas d’effet sur le système endocannabinoïde humain (ECS), ils influencent le fonctionnement des cannabinoïdes dans le corps. Des recherches sont en cours pour comprendre comment ils affectent le système endocannabinoïde et interagissent avec le THC. Le composé cannabinoïde le plus connu est le THC (tétrahydrocannabinol), qui a un effet psychologique (ainsi que d’autres effets médicinaux). L’autre cannabinoïde bien connu est le CBD (cannabidiol), qui a plutôt un effet physiologique. Les cannabinoïdes interagissant avec les récepteurs cannabinoïdes du corps et du cerveau (3).

Le Cannabis sativa L. contient en effet le cannabinoïde THCA (tétrahydrocannabinolique). Ce composé n’est pas psychoactif en soi. C’est le fait le chauffer qui entraîne sa transformation en THC psychoactif. C’est pourquoi, pour ressentir des effets au niveau psychique, il faut chauffer (fumer ou cuire) les feuilles de la plante de cannabis.

Les effets courants du THC sont l’euphorie, la sédation, la stimulation de l’appétit, l’altération des fonctions cognitives, l’analgésie (soulagement de la douleur) et l’anxiété.

D’après les recherches actuelles, le THC agirait principalement en se liant aux récepteurs cannabinoïdes du système nerveux (récepteurs CB1). En tant qu’agoniste partiel, il activerait les récepteurs CB1, entraînant une libération modulée de neurotransmetteurs. L’activation des récepteurs CB1 dans différentes zones du cerveau pourrait alors avoir des effets sur la cognition, les émotions, l’appétit et la coordination motrice (4).

Selon le contexte dans lequel le cannabis est consommé et la quantité de THCA présente dans les feuilles, l’usage peut déclencher des réactions psychologiques indésirables, notamment de l’anxiété, des « bad trips » (déclencheurs émotionnels aigus et profonds), voire, dans de rares cas, des psychoses.

Les deux principales variétés de cannabis contenant des niveaux élevés de THC(A) sont le cannabis sativa (sativa) et le cannabis indica (indica). Le sativa est connu pour son effet revigorant et de stimulation positive du mental, avec une probabilité plus faible de produire de l’anxiété. De plus, le sativa stimule la créativité. L’indica est connu pour son effet relaxant, la réduction des nausées et des douleurs et l’augmentation de l’appétit (5).

Légalité et disponibilité commerciale

Étant donné les propriétés médicinales du cannabis, qui réduit la douleur et augmente l’appétit, la marijuana (autre nom du cannabis) médicale est disponible aux États-Unis comme médicament, principalement pour les patients atteints de cancer, depuis le début des années 1990 (6).  La marijuana est aujourd’hui légalement disponible à des fins médicales dans de nombreux pays du monde.

Aux États-Unis, à ce jour, un grand nombre d’États ont légalisé l’usage récréatif et la vente de marijuana (7).  En 2024, l’Allemagne a légalisé la possession personnelle. De nombreux pays d’Europe ont décriminalisé la possession de marijuana, et certains Pays introduisent peu à peu une réglementation qui va dans le sens de la légalisation (8).

En Suisse, les plantes contenant plus de 1% de THC sont toujours illégales. Toutefois, le gouvernement fédéral travaille sur la manière d’aboutir à la légalisation depuis 2012. À l’époque, le cannabis contenant du THC avait été dépénalisé. La possession d’une quantité maximale de 10 grammes pour un usage personnel avait été dès lors juste rendue passible d’une amende – ce qui toujours le cas. En 2021, une commission gouvernementale a commencé à planifier le développement d’un marché pour la vente de cannabis récréatif. Des projets pilotes sont en cours à Berne, Bâle, Saint-Gall, Lausanne et Zurich pour la délivrance en pharmacie de cannabis contenant jusqu’à 20% de THC (9; 10).

Utilisation chamanique/divinatoire et religieuse

Le cannabis est utilisé à des fins divinatoires depuis des millénaires. A partir de l’Asie de l’Est, il a fini par s’implanter dans l’ancienne culture européenne, notamment dans la Grèce antique et chez les Vikings. Le cannabis est également présent dans de nombreuses religions (11).

Du point de vue du praticien, le cannabis peut être utilisé de manière cérémoniale pour accéder à des états modifiés de conscience. La connexion se fait par l’intermédiaire de l’esprit de la plante, en cherchant à approfondir les liens avec l’esprit et en demandant des conseils. En raison de la popularité de l’usage récréatif du cannabis, cet aspect ancien du travail cérémoniel enthéogénique est souvent négligé. Un praticien peut conduire des cérémonies avec l’utilisation de la plante, de la même manière qu’avec d’autres enthéogènes.

Un praticien peut cultiver ses propres plantes afin d’offrir des souches spécifiques, cultivées avec sa propre énergie, à utiliser dans son espace. Il en va de même pour les praticiens qui travaillent avec d’autres enthéogènes et qui ont établi un lien étroit avec la médecine qu’ils offrent dans leur espace cérémoniel.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Certaines cultures travaillent régulièrement avec le cannabis. Elles peuvent même consommer du cannabis lors de cérémonies avec d’autres enthéogènes (par exemple, les Huni Kuin du Brésil qui travaillent régulièrement avec du cannabis avant, pendant et après les cérémonies d’ayahuasca). Les praticiens peuvent également proposer le cannabis lors de cérémonies en conjonction avec d’autres médicaments, par exemple la psilocybine. Le mélange d’enthéogènes dans un espace cérémoniel, ou le mélange de psychédéliques en général, doit se faire avec prudence et en comprenant comment les plantes/esprits interagissent les uns avec les autres. L’utilisation de plusieurs enthéogènes simultanément, ou à des intervalles très courts, peut conduire, dans certains cas, à une instabilité psychologique.

Il convient de noter que le cannabis, ainsi que d’autres enthéogènes, peuvent entraîner un comportement impulsif. Cela est dû à la façon dont nous, les humains, interprétons les impulsions énergétiques communiquées par les plantes/esprits. Les plantes/esprits communiquent, en partie, par le biais d’impulsions énergétiques. Les humains reçoivent ces impulsions et, étant donné notre nature, les traduisent en projections, ou en histoires qui fournissent un contexte aux impulsions. C’est ainsi que les humains perçoivent généralement la réalité. Si nous recevons des impulsions ou des informations sur notre vie, nous pouvons projeter à ce moment-là une compréhension et un point sur lequel agir. Nous pouvons créer un contexte, ou des projections, que nous considérons comme une orientation claire.

Le contexte des plantes/esprits est différent de celui des humains (thème qui ferait l’objet d’un article à lui seul). Le travail consiste à interpréter les impulsions partagées par les plantes/esprits.

Fumer du cannabis à des fins récréatives peut être bénéfique uniquement pour cette raison. Travailler avec le cannabis à des fins cérémonielles nécessite une relation différente avec la plante/l’esprit, l’espace dans lequel le travail est effectué, l’intention qui est définie et l’interprétation des conseils qui sont fournis, ainsi qu’une compréhension différente de ces éléments.

Merci à Kevin Fox (Journeyintheflow.com) pour la préparation de cette page informative sur la médecine du cannabis.


Notes:

(1) Large-scale whole-genome resequencing unravels the domestication history of Cannabis sativa (https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC8284894, consulté le 13.03.2024). Le séquençage à grande échelle du génome entier dévoile l’histoire de la domestication du Cannabis sativa.

(2) https://www.royalqueenseeds.com/blog-a-brief-history-of-cannabis-use-in-world-religions-n624, consulté le 23.06.24.

(3) https://leafwell.com/blog/difference-between-terpenes-and-cannabinoids, consulté le 16.05.2024.

(4) https://www.youtube.com/watch?v=ISUXrjBXHsE, consulté le 23.06.2024, (comprend des références).

(5) https://www.leafly.com/news/cannabis-101/sativa-indica-and-hybrid-differences-between-cannabis-types, consulté le 23.06.2024.

(6) https://medicalmarijuana.procon.org/historical-timeline, consulté le 23.06.2024.

(7) https://disa.com/marijuana-legality-by-state, consulté le 23.06.2024.

(8) https://cannigma.com/where-cannabis-is-legal-in-europe/, consulté le 23.06.2024.

(9) https://www.nzz.ch/wirtschaft/legalisierung-von-cannabis-die-schweiz-waere-kein-solitaer-ld.1651230, consulté le 23.06.2024.

(10) https://www.swissinfo.ch/eng/society/court-swiss-police-can-t-seize-small-amounts-of-cannabis-for-personal-use/48686942, consulté le 23.06.2024.

(11) Farber Philip H. (2020). High Magick: A Guide to Cannabis in Ritual & Mysticism,